Avec l’annonce par le Premier Ministre, le 17 avril, d’un avantage fiscal majoré pour les particuliers donateurs dans le cadre d’une souscription nationale pour Notre-Dame (75 % de réduction fiscale pour les dons jusqu’à 1.000 euros, une première), le Gouvernement confirme sa volonté de soutenir la générosité des français qui était en forte baisse en 2018.
Cette décision fait écho à la mobilisation éclair de « grands donateurs » comme François Pinault (via le holding familial Artemis), de Bernard Arnault (par un don conjugué entre la famille et le Groupe LVMH) ou encore de L’Oréal associée à la Fondation Bettencourt, pour un soutien collectif historique de 500 millions réunis en 24 heures ! Une démarche complétée par des dizaines d’entreprises, du jamais vu. Certes un peu de surenchère médiatique mais les promesses de dons sont là et démontre la vivacité du mécénat français.
Portant, paradoxalement, le débat sur le mécénat, considéré comme une « niche fiscale », n’a jamais été aussi vif depuis quelques mois, et plus encore ces quelques jours.
Cadeau, avantage, défiscalisation exagérée, les réactions médiatiques et politiques fusent. Certains médias comme Marianne nous affirme, graphiques à l’appui, que « les mécènes se gavent » !
Ces vives réactions rejoignent les inquiétudes des entreprises mécènes face aux conclusions à l’automne, du Rapport de la Cour des Comptes sur le mécénat conduit par Gilles Carrez envoyant à Bercy le message obscure de « mieux l’encadrer ». Ce Député LR, décidé depuis longtemps à mettre fin aux avantages du mécénat déclarait mardi « C’est la collectivité publique qui va prendre en charge l’essentiel du coût ». Une réaction faisant notamment écho, selon Le Monde à une source à Bercy déclarant hier « A priori, les Français n’ont pas besoin de déduction fiscale pour donner pour Notre-Dame. Même les plus riches ! »… Vite dit.
Il est temps de rappeler que le mécénat est un acte citoyen et volontaire des entreprises qui a coût direct, 40 % du don, et des limites fiscales strictement fixées à 0,5 % du chiffre d’affaires.
Son rôle de plus en plus décisif face au désengagement de la collectivité publique dans ses missions comme dans son incapacité croissante à payer ses subventions dans les délais ! Derrière Notre-Dame de Paris, combien de sites patrimoniaux plus modestes en régions, de programmes sociaux, culturels, scientifiques ou environnementaux seraient en grandes difficultés. Et surtout combien de projets innovants n’auraient pas vu le jour sans le mécénat d’entreprise, en retard en France ?
Au final, les médias et les politiques, qui semblent découvrir le mécénat en un jour, nous livrent un raisonnement affligeant dans l’air du temps : Donner, c’est avoir. Avoir c’est profiter. Finalement donner c’est condamnable ?